José Antonio Alonso, Cte. “Robert” 1919-2015. Icono de la resistencia republicana española en Francia

http://blogs.publico.es/universidad-del-barrio/2016/01/23/jose-antonio-alonso-cte-robert-1919-2015-icono-de-la-resistencia-republicana-espanola-en-francia/

http://elpais.com/politica/2016/01/28/actualidad

Fe de erratas:

En ambas necrologías:

 

Donde dice: 19 de diciembre debe decir: 16 de diciembre

Donde dice: tres hombres  debe decir: siete hombres

Donde dice: Clermont-Ferrand debe decir: Saint-Étienne

Donde dice: Col del Py   debe decir: Col de Py

 

En http://elpais.com/politica/2016/01/28/actualidad

Donde dice: 1500 hombres  debe decir: 1690 hombres

 

 

3. (De izq a dcha) Cte "Royo", "Robert", (desconocido), "Mateo" (sentado). Foto de autor anónimo cedida por Virginie Cluzel

De Izq a dcha: Cte Royo, Robert, desconocido, Mateo (sentado). Foto cedida por Virginie Cluzel.

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Prayols (Ariège). Monumento Nacional de Guerrilleros.

Foto José M Naharro

Ne tirez pas sur le pianiste: les dangers de la mythomanie

3. (De izq a dcha) Cte "Royo", "Robert", (desconocido), "Mateo" (sentado). Foto de autor anónimo cedida por Virginie Cluzel

Sur la photo (de gauche à droite): Cte. Royo, Cte. Robert, inconnu, assis Cte. Mateo.

 

                                   

 

                                  Ne tirez pas sur le pianiste

 

Los héroes sólo son héroes cuando se mueren o los matan. Y los héroes de verdad nacen en la guerra y mueren en la guerra. No hay héroes vivos, joven. Todos están muertos. Muertos, muertos, muertos.

Javier Cercas   Soldados de Salamina

 

 Cher M. Ivan Delicado: basé sus vos accusations, je n’arrive pas à comprendre si vous avez lu ou même êtes capable de lire dans son contexte  le document de la conversation avec Robert et Jean Vaz, “Sobre memorias republicanas españolas: entre luces y sombras”, que j’ai édité dans le numéro 15 de Migraciones y exilios (2015) pp. 139-181

Memorias republicanas españolas en Francia. Par contre, je crois entrevoir le fond des intentions de votre lecture totalement préjugée dans les courriers que j’ai reçus le 27 décembre 2015.

 

Depuis ma première publication universitaire, il y a plus de trente-cinq ans, j’ai toujours eu un critère socratique de doute envers le monde et même … Dans ma déontologie,  j’ai toujours été un chercheur radical  pour  ses  méthodes. Radical: étymologiquement, je ne cherche que les racines des vérités,  aussi déplaisantes  qu’elles ne soient et je prends même cette quête cum grano salis. Je suis éminemment relativiste, déconstructeur ma non troppo. Je suppose que vous même avez passé de longues années à lire et étudier la philosophie du discours,  — Heidegger, Wittgestein, et entre autres, d’auteurs français, Derrida, Barthes, Foucault, Lacan, Ricoeur, etc.  J’ai aussi suivi des séminaires sur la narratologie avec Germán Gullón et Gerald Prince ou la lignée pragmatiste de Barbara Herrnstein Smith lors de ma formation doctorale à l’Université de Pennsylvanie. Je suppose que vous-même connaissez sa théorie sur la contingence de valeurs que j’ai appliquée maintes fois à mes analyses. À la fac, j’ai bénéficié d’une bourse d’études doctorales qui m’a permis de  devenir docteur en langues et lettres romanes sous la direction d’éminents hispanistes (Armistead, Gullón, Sebold, Sobejano, etc.) et  par la suite une voix contrastée et publiée en quatre langues dans les études de l’exil, sujet sur lequel je forme des doctorants, et organise des colloques et rencontres internationales.  J’exerce dans les milieux universitaires internationaux depuis trente ans. D’ailleurs, je vous recommande, entre autres, le livre de ma disciple, Rachel Linville, la première étude sur le discours littéraire et cinématographique de la guérilla, qui reproduit, entre autres une conversation avec Robert. Peut-être, pouvez-vous vous porter aussi contre elle dans votre croisade contre le manichéisme pro-Robertiste … Et vous connaissez bien l’adage: il n’y a pas deux sans trois

 

Mais surtout, je ne nie pas la présence d’un certain état des faits ou de la vertu démocratique du dialogue avec quiconque, universitaire ou pas, qui puisse apporter un discours salutaire de vérités. L’histoire est un discours incessamment modifiable, entre autres, avec l’aide de nouvelles preuves de l’archive. Je recuse donc formellement avec  toute ma formation, mon  travail intellectuel et publications   évaluées scientifiquement   les diverses  calomnies  que vous versez contre moi directement ou à travers de votre communication avec Jean Vaz (je vous cite  en gras/j’ironise en gras et en italique):  “Ce type de phénomène, éminemment désastreux à l’égard d’une histoire de la Résistance qui se voudrait authentique, sévit partout en France et en Espagne. Trop d’auteurs se limitent à recueillir pieusement les déclarations de quelques icônes institutionnalisées, sans vraiment réfléchir  […] Comme beaucoup d’auteurs espagnols qui instrumentalisent l’histoire de la guérilla antifranquiste à diverses fins, José Maria [sic] a eu une réaction épidermique. Au lieu de nier catégoriquement la qualité de notre brochure, il aurait dû dialoguer avec nous pour s’éviter des déconvenues du fait qu’il n’a réalisé aucun travail de fond. S’appuyer sur un témoin qui est à la fois juge et partie, sans jamais vérifier scrupuleusement ses déclarations, relève d’un pur arbitraire”. Contre ce que vous affirmez gratuitement, je travaille dans la rationalité évaluée et dialogique, et j’essaye d’éviter un investissement mémoriel quelconque, ce qui ne semble pas être votre cas, qui affirmez avoir joué  un rôle  dans  la mémoire de la Résistance, ce qui ne vous donne aucune marge de supériorité. “D’autre part, Ange Alvarez est un vétéran de la Résistance et j’ai été plongé dans ce milieu dès ma plus tendre enfance. C’est-à-dire que nous connaissons intimement les diverses problématiques qui s’y afférent”. Au contraire, il peut préjuger vos points de vue. Je suppose, entre autres, que vous connaissez bien la théorie sur les propositions fallacieusement intentionnelles.

 

Bien que j’ai fréquenté Robert  depuis 1994 (à plusieurs reprises, il a été invité à témoigner [attention! et ne pas faire de l’histoire] dans des réunions que j’ai organisées), je n’ai jamais pris parti pour les  témoignages, entre autres,  les siens,  qui en plus, peuvent se révéler faux, refabriqués (comme beaucoup d’ archives qui dépendent de la mémoire, cette soeur  bâtarde de  la fiction), ou évidemment qui tîssent une imposture. Il est possible que derrière le témoignage de Robert, il existe des impostures que vous pourrez dénoncer avec des précisions au delà de l’opinion de témoins. Votre problème est que vous ne comprenez pas que j’ai recueilli la parole d’un témoin avec lequel vous aviez un différent important sans soumettre ses propos à la censure préalable et définitive de votre édition, mais par contre vous niez que j’ai projeté  l’illumination de notes où vos publications et idées figurent en première ligne et sont citées très favorablement  avec une abondance hors normes. Par conséquent, ces notes projettent des versions fortement alternatives aux déclarations du témoin.[1]

 

Pour vous illuminer théoriquement, vous devriez lire les propos manipulateurs de l’éditeur fasciste de La familia de Pascual Duarte et la critique du Prof. Gullón et la mienne sur ce discours autoritaire hypocrite, si proche  d’ altérités staliniennes dont vous m’accusez — mais peut–être, peine perdue—. Vous devriez aussi vous pencher sur la vaste théorie du témoignage, le genre de discours le plus poreux et divers possible (je vous épargne une bibliographie, entre autres, la mienne citée dans les études du genre). À vous de vérifier dans ce genre protéique et problématique que les propos du témoin sont “scrupuleusement” invalides, non pas avec votre opinion subjective ou celles de témoins de témoins comme vous le faites des fois  en interprétant, entre autres,  des réactions hypothétiques d’un décédé comme Royo envers sa possible gestion de la mémoire de la guérilla ou ses traits de caractère basés sur les informations fournies par ses proches. Appliquez-vous votre propre norme: “C’est pourquoi lors de nos recherches nous avons toujours gardé nos distances avec les témoins et les survivants: comme l’amour, l’amitié rend aveugle”. Votre publication annoncée sera bien accueillie par tous ceux qui comme moi, cherchent les brins de vérités, où qu’ils soient.  Mais il faudra qu’elle montre, sur ces points et d’autres, au-delà des questions et du débat salutaire dans toute recherche, plus de certitudes d’archives que d’opinions, et surtout une cohérence de méthodes et de formes.

 

Malheureusement, vous êtes aussi incapable de distinguer entre articles de recherche individuelle ou collective à l’appui sur une thèse personnelle. (“L’article que vous avez consacré à Robert confirme intégralement notre thèse […] Le dossier à charge que José Maria [sic] a instruit contre Royo n’est qu’un amas de commérages, pour ne pas dire de radotages, facilement démontables (mais avec quel ennui !). Par son article, il permet à Robert de salir publiquement la mémoire de Royo.”) Un article est bien différent du  document-entrevue que j’ai publié dans la revue Migraciones y exilios y qui s’ajoute à un dossier sur la mémoire républicaine espagnole en France, où plusieurs auteurs, universitaires et autres, contribuent à ce débat. La section de Testimonios y documentos est réservée aux témoignages comme ceux  de Robert et de  Jean Vaz. Ce ne sont pas des thèses de Naharro, mais la transcription avec notes qui cherchent à situer le lecteur dans le contexte des propos d’une conversation où les témoins présentent leurs points de vue, pas les miens, qui ne fait que poser des questions aux témoins et facilite le fil de l’entrevue, en éclaircissant des fois des points historiques, et surtout sans chercher à manipuler ou influencer leur discour libre et à leurs dépens. Comme il est constatable, je laisse les témoins s’exprimer. Et surtout, je n’interviens en aucune sorte quand l’affaire Royo est mentionnée.  Ce que j’ai publié est un document ou témoignage (“Sobre memorias repulicanas españolas: entre luces y sombras”) sur une époque historiquement étudiée par les articles de fond du dossier de la revue (“Memorias republicanas españolas: de los campos de concentración a las mistificaciones ejemplares”). Les sous-titres du dossier et de l’entrevue ne laissent aucun doute aux lecteurs sur le problème des luttes mémorielles et ses versions problématiques. Cette entrevue cherchait à supplémenter le dossier grâce aux points de vue personnels de deux témoins, contrastées par une série de notes, dont je suis l’auteur. Ces notes sont basées sur les publications ou références manuscrites disponibles au moment de cette édition. Dans une entrevue, les  propos  appartiennent aux témoins, et non pas à l’interviewer, ma personne, mais  évidemment ils sont placés  dans un contexte  critique, entre autres sur Royo, en vous donnant et à vos publications  un rôle majeur et favorable, même  au-delà des critères de longueur  établie par la revue pour les témoignages (6000 caractères).  C’est dans l’esprit d’honnêteté intellectuelle, que je défendrai toujours, que j’ai publié entièrement la conversation avec Robert et Jean Vaz, sans omettre un iota. Et c’est, surtout, dans l’esprit de fournir à la recherche future, un témoignage qui, comme vous le savez bien, ne peut plus être actualisé par un des témoins et qui est passé maintenant au limbe de l’impossibilité et au silence des cendres. Ce n’est pas un récit d’histoire mais un document pour l’histoire.

 

Toutes ces méconnaissances de votre part sèment des  doutes évidents sur vos attributions et capacités formelles et de méthode pour distinguer les structures de  différents genres et discours et votre aptitude pour établir une narration et interprétations ratifiées par une  communauté  scientifique non préjugée. Vous-même affirmez que vous aviez fréquenté plusieurs fois Robert et qu’il avait sorti les mêmes propos de mon entrevue que vous trouviez étaient des radotages, etc. Comme vous me l’avez confirmé sur votre mail du 17 mars au sujet de votre publication Frères d’armes que je cite abondamment dans ma note 58 [“Respecto de la denigración contra Royo, Álvarez e Ivan y Roland Delicado mencionan a “un ancien responsable guerillero,à qui nous laissons le soin de s’indentifier s’il le désire, ne le ménage pas (2011: 11)], “le guérillero qui dénigre Royo est effectivement Robert. Par cet incognito, nous avons voulu épargner Robert, notre but n’est pas de nous acharner sur lui mais de rétablir la figure de Royo, de démonter le mécanisme des éliminations et de rétablir des vérités de fait”. Mais pourquoi n’avez-vous pas osé dévoiler tous les faits à ce moment-là? Pourquoi avez-vous omis et censuré alors ce qui pour vous n’étaient qu’une série de calomnies?  Surtout, maintenant que la voix du témoin  s’est convenablement éteinte pour toujours et les preuves  possibles, ses archives ou son droit de réplique ont été anéanties?

 

Heureusement que les historiens, ou ceux qui se disent l’être, jamais je n’ai accepté ce titre, auront accès à l’archive de cette entrevue de Migraciones y exilios nº 15 où Robert n’a pas mâché ses mots, ce qui évidemment ne veut pas dire qu’ils représentent  la vérité, qui n’existe que virtuellement dans un amalgame de sources et d’interprétations. C’est par contre, bel et bien, une version de sa vérité et une nouvelle preuve des luttes mémorielles qui se sont données et se présentent encore au sein de la communauté républicaine espagnole en France, phénomène discuté, entre autres par Dreyfus-Armand et Marcelan, et signalé dans l’entrevue.  Je peux ajouter que Robert ne sait jamais mordu la langue  pendant les 21 ans que je l’ai connu durant lesquels je n’ai pas trouvé de contradictions majeures dans les coordonnées de son discours, ce qui ne veut pas dire, non plus, qu’il représente une vérité sans failles. D’ailleurs, il déclarait avoir lui-même un point de vue salutaire sur les témoignages, cité dans l’entrevue p. 152: “Porque yo no he querido nunca escribir nada, para que nadie diga, Robert ha escrito un libro más y porque lo dice Robert, es verdad ». En espagnol, et je ne connais pas qu’elle est votre compréhension de cette langue, on dit: “se coge antes a un mentiroso  que a un cojo” [on attrape plus vite un menteur qu’un boiteux].

 

Ce manque de contradictions dans le temps du discours de Robert, est un indice  en  faveur de la vérificabilité de son discours, mais ne prouve évidemment pas  la justesse de ses propos. Vous me dites que “toutefois, après la mort de Royo, Robert n’a pas cru à sa culpabilité pendant longtemps. Ce comportement est en totale contradiction avec les calomnies qu’il a proférées à son propos, par la suite, dans le but évident de revêtir ses dépouilles”. À la note 58, je signalais significativement: “Como entrevistador, he mantenido una larga relación con José Antonio Alonso, Robert, que se remonta al año 1994. Durante todo este tiempo, no he encontrado contradicciones significativas en sus relatos y he advertido una búsqueda de la pluralidad en su memoria que ha intentado visibilizar a sus antiguos compañeros. Sin embargo, es la primera vez que Robert me ha hablado en todos estos años del caso Royo ».

 

En général, les imposteurs se contredisent éventuellement dans les détails. Ils changent et adaptent leurs narrations. Je vous réfère  plusieurs textes de mon collègue Benito Bermejo, qui connaissait Robert,  et  qui a décelé lui-même plusieurs impostures de  témoins de cette époque.  Dans mes notes et contre ce que   vous affirmez, je n’écarte pas, en vous citant, que Robert n’ait  pas adapté son discours sur Royo. Vous n’avez qu’à le prouver maintenant par les faits et non par l’opinion. Les propos des témoins sur le document que j’ai publié peuvent (doivent) être soumis à débat ou contredits. Mais je reste ferme sur la rectitude scientifique de sa publication et surtout, sur l’absence totale de manichéisme de ma part, mot comme beaucoup d’autres,  que vous avez du mal à comprendre. Je vous cite le Larousse: “Conception qui divise toute chose en deux parties, dont l’une est considérée tout entière avec faveur et l’autre rejetée sans nuances”. C’est tout le contraire de mon travail sur trente ans de publications!

 

Quant à moi, il est impossible que j’eusse pris une fuite en avant sur cette histoire ou sur Royo (“les détracteurs de Royo redoublent d’expédients dans leur fuite en avant”). C’est la première fois que j’ai édité une conversation avec Robert: j’ai toujours eu une forte réticence pour la publication de témoignages, car ils représentent des opinions très relatives sur le vécu dont la vérification peut-être toujours fortement controversée.  Mais j’anticipais la disparition de l’homme, José Antonio Alonso, et la prolongation du mythe Robert (une figure à la Cervantes entre Alonso-Quijano et Robert-D. Quichotte) et cette entrevue s’est incorporée comme témoignage dans le cadre de ce dossier scientifique sur la mémoire républicaine espagnole en France.  Par contre, pendant 21 ans, j’en ai eu bien plus de conversations avec Robert que vous, sur toutes les longueurs et formats, et je conserve maintenant quelques archives inédites de ses témoignages. Le fait que je ne les ai jamais publiées ou diffusées, m’exonère de nouveau de votre calomnie.

 

Si j’ai contribué maintenant à la teneur de l’archive, c’est aussi pour éviter que la parole   d’un témoin précieux (pleine de méandres comme toute déclaration) s’éteigne sans révéler, peut–être, ses fonds les plus enfouis, entre autres, sa version controversée sur  Royo, qui est apparue par sa volonté. Par exemple, c’est la première fois que Robert a donné des détails précis   sur sa résistance armée à Saint-Étienne ou qu’il a parlé des déboires de l’Amicale. De nouveau vous vous trompez sur les intentions de cette conversation qui  cherchait à établir une chronologie commentée  de la mémoire républicaine espagnole en France, à travers deux témoins de deux générations, et surtout ne voulait  pas se fixer sur le passé du maquis, où je ne me suis pas attardé (un paragraphe résumé p. 147), ou sur Royo que Robert mentionne en fin d’entrevue. Par contre, c’est dans les contextes divers de cette mémoire mouvementée que Royo est apparu dans la conversation par la voix des témoins. Évidemment, pour vous, obsédé comme vous semblez l’être, on dirait qu’il n’y a pas d’autre sujet que Royo.

 

Dans votre courrier et celui  que vous avez  tenu  avec Jean Vaz, qui, d’ailleurs,  n’a pas contredit Robert  lors de notre  conversation  en juillet 2013, vous faites sans vous rendre compte le meilleur éloge sur mon travail.  “En fait vous donnez raison aux staliniens de l’avoir assassiné, mais eux au moins eurent l’habileté et la prudence de garder le silence sur les raisons de son élimination” […] Celui-ci étant le plus important à nos yeux, car destiné à décortiquer les réfutations des chantres de la vieille garde stalinienne et les récriminations des falsificateurs de tous crins qui ne tarderaient pas à se manifester. Soucieux de ne pas perturber ce nouveau champ d’expérience, nous nous sommes bien gardés de révéler notre projet aux lecteurs. Il est évident qu’en connaissance de cause, les intervenants se seraient montrés plus prudents dans leurs propos. José Maria [sic] Naharro a provoqué notre surprise en venant se prendre dans le filet.”  C’est-à-dire que j’ai eu l’honnêteté intellectuelle de transcrire tous les propos de Robert, en les insérant dans un tissu le plus complet possible de notes et de commentaires, provenant, entre autres,  de vos publications et de nos échanges. Mais mon délit a été, peut-être, d’un côté de mettre un peu d’eau dans le vin  de certains de vos propos  subjectifs (ou poser des questions qui en aucun sens ne barrent le fond de la vérité de votre travail), et paradoxalement, surtout, de vous citer pour contraster les propos de Robert sur Royo,  comme jamais personne, ne le fera, pour que les lecteurs puissent arriver à leurs propres conclusions basées sur touts les documents publiés, au delà de l’opinion du témoin. Tout ceci dépasse évidemment l’arbitraire et   surtout   tout  manichéisme dont vous m’accusez, de nouveau mélangeant article et entrevue: “Bien que se référant parfois à Paul Ricoeur dans son article, il semblerait que l’auteur n’a jamais lu cette phrase du philosophe : ‘Le manichéisme en histoire est bête et méchant ‘”. Oui je prends Paul Ricoeur à l’appui: l’avez-vous lu et surtout êtes-vous capable de le comprendre? En réaction épidermique que vos courriers ne cessent de distiller, vous avez été incapable d’arriver au bout des idées de Ricoeur présentées dans l’introduction du dossier ou de lire correctement mes notes dans l’entrevue, même  avec vos propos à l’appui. Le comble de la mythomanie!

 

Je vous cite, plus bas à la fin de ce document, entre autres, ma note nº 58 pp. 175-177. Je n’ai pas le temps de vous la traduire en entier, mais je pense que peut-être, Jean Vaz, un des témoins de ce que vous qualifiez de  “pavé”, pourra vous venir à l’aide (Agrégé en Lettres espagnoles), si vous avez du mal à comprendre l’espagnol. Vous tenez une correspondance assidue avec lui, dont il m’a fait parvenir un échange à l’époque de la publication, cité de nouveau en votre faveur dans mes notes. Dans l’entrevue Vaz place Robert au devant de Royo pour son rôle dans l’organisation du maquis (son opinion), et  il a prononcé, entre autres, l’éloge funèbre au col del Py il y a quelques jours, lors de la dispersion des cendres de Robert. À chacun sa place dans la mémoire qui complète, contredit, s’oppose, manipule, ou nie, etc. subjectivement les récits historiques. Je vous cite à nouveau pour vous clarifier la brume de votre obsession ce que j’ai écrit en résumant, entre autres, Paul Ricoeur, dans l’introduction au dossier: « La memoria es el recuerdo vivido, transmitido o mitificado de una experiencia individual y/o colectiva de carácter subjetivo que puede ser pasto de todo tipo de deformaciones y utilizaciones inscritas en los registros de lo emotivo y afectivo (ideología).    Frente a ella, la historia es una operación globalmente intelectual de reconstrucción problemática y dialéctica: narración de un pasado diferente y divergente de nuestro tiempo   que hay que visibilizar gracias a múltiples aportaciones críticas entre las que se encuentran los archivos, los testimonios o las memorias de todo tipo: vividas, transmitidas, mitificadas, instrumentalizadas. Cuando los ejercicios de memoria   de grupos interesados se erigen también con el objetivo de construir una historia unívoca en la que sobresalga la ideología de su memoria, nos damos de bruces con una manipulación de la memoria ».

 

J’étais ami de José Antonio Alonso et je pleure sa disparition, mais je le distinguais fort bien du personnage, Cte. Robert. (“Vous pouviez glorifier votre ami Robert, et défendre votre position sur la plaque de Cahors, sans pour cela salir Royo”). D’abord, je n’ai aucune position sur la plaque de Cahors que celle qui a été dénoncée, entre autres, par Aimé Marcelan et le collectif Les Autres. Royo n’a évidemment rien à voir dans tout ceci, sauf pour la manipulation des frères Farreny qui se sont érigés dans leurs publications en procureurs intéressés et manipulateurs entre Royo et Robert. Mais comme vous devriez le comprendre bien, il est évident que Robert et Royo ont établi une lutte de pouvoir au sein du maquis espagnol ariégeois. Par contre, l’évidence de la géographie, de la brève période de temps passé par Royo en Ariège, de la lutte clandestine et surtout de l’efficacité stratégique, semble mettre Royo en second plan de la planification des opérations de libération, surtout quant à sa connaissance d’un terrain aussi fracturé que l’ariégeois que Robert avait parcouru dans son  détail au péril  de sa vie, pendant plus d’un an et demi. Moi-même je le sillonne pour le reconnaître depuis plus de  22   ans. Il était fort improbable qu’en moins de deux mois, Royo aurait pu acquérir une connaissance topographique semblable à celle de Robert, qui lui-même avait été sergent d’État-major dans l’armée républicaine espagnole.   Royo était bien le chef du maquis espagnol ariégeois, envoyé par l’AGE. Mais était-il le maître d’oeuvre, et surtout capable de prendre des décisions stratégiques sur le terrain opaque de l’Ariège, encore plus accidenté à l’époque et truffé de miliciens et Nazis qui empêchaient le mouvement des guérilleros, suspects et traqués comme l’avait été Robert à plusieurs reprises? Donc, si la mission interalliée cite Royo comme chef, on ne peut pas ignorer que Robert a aussi joué un rôle décisif, entre autres, en signant comme chef d’État major les opérations du bataillon. Départager les zones grises de ces rôles est évidemment très difficile. Vous avez restitué Royo au récit historique de cette époque. Mais cette restitution a été mise en question en certains points par le témoignage de Robert et certains détails sont ouverts au débat et à la clarification. Quoi de plus salutaire pour l’histoire!

 

Je ne vais pas répéter ad nauseam  ce qui a été déjà cité dans mes notes, par d’autres chercheurs (je suppose que vous visez, de nouveau sans le citer, Secundino Serrano). Mais je vous  cite à nouveau dans ma  note 58 (plus bas) en caractère gras  l’évidence de ce que vous niez: que j’ai soumis Royo  au radotage de Robert sans un cordon scientifique de points de vue divers placés en notes. Évidemment, je ne suis pas garant des   propos de Robert, ni de quiconque, sauf des miens. Et mes propos sont ceux du contraste pluriel des opinions (de Robert, de Jean Vaz, des vôtres,  de quiconque et d’autres sources). La verdad de Agamenon y de su porquero, répétait Juan de Mairena, complémentaire d’Antonio Machado, avec son habituelle ironie socratique .

 

En résumé: ce qui semble vous nuire c’est que l’on a publié une longue conversation avec Robert, qui évidemment n’était pas votre personnage préféré, mais surtout que je n’ai pas soumis son témoignage à l’approbation finale de vos points de vue non publiés (virtuels), c’est à dire que je ne vous cite pas au delà de ce qui a été publié par vous ou envoyé par mail à moi-même ou Jean Vaz. Et vous osez m’accuser d’un manque de dialogue contredit par les nombreux emails échangés par mon initiative avec vous!? En plus, la subjectivité que vous avez montré dans la présentation d’hypothèses virtuelles sur des documents ou des comportements imaginés de Royo m’ont aussi indiqué que vous étiez aussi juge et part de tout ceci. Evidemment, je ne pouvais pas me poser en évaluateur de ce que je n’ai pas vérifié personnellement ou de ce que n’a pas été publié ou de ce qui m’a été occulté par vos soins. Et vous niez notre  échange fort  abondant ou que je n’ai pas fait un travail de recherche, quand votre bibliographie a des trous bien évidents que maintenant je ne vous révélerai plus?   (“il aurait dû dialoguer avec nous pour s’éviter des déconvenues du fait qu’il n’a réalisé aucun travail de fond”). En plus, la subjectivité que vous avez montré dans la présentation d’hypothèses virtuelles sur des documents ou des comportements imaginés de Royo m’ont aussi indiqué que vous étiez juge et part non objective de tout ceci.

 

 

Je vous rappelle, entre autres, que le 12 mars 2015 je vous avais demandé au sujet de la citation de Robert sur de Royo dans votre livret Frères d’armes: “un ancien responsable guerillero, à qui nous laissons le soin de s’indentifier s’il le désire, ne le ménage pas” et vous avez identifié Robert (p 11 de Frères d’armes) [tout ceci inclus dans ma note 58 et mentionné supra]. En plus, mon travail de fond a été épaulé par une bibliographie ou recherche d’archives (à la date de publication)  la plus exhaustive possible citée dans les notes et à la fin de la conversation. C’est-à-dire ce qui semble vous gêner est  que je ne me sois pas plié à votre regard définitif de — permettez-moi le qualificatif,  vous l’avez gagné — procureur stalinien de l’obsession pro-Royo,  dont vous utilisez dans votre mail contre moi les méthodologies négationnistes. Non, jamais je n’oserai cacher   les propos d’un témoin, même ceux qui semblent polémiques, mais, par contre, je les soumettrai à un contraste le plus exhaustif possible provenant de sources publiées ou de déclarations manuscrites, disponibles au moment de ma publication. Évidemment, loin de votre vérité absolue sur tout ceci.  Une vérité, la vôtre, que vous affirmez avoir retenu avec un esprit de chasseur à la paranoia persécutrice: “Nous savions que notre brochure allait déranger les tenants d’une histoire officialisée et convenue de la Libération de l’Ariège, bien que passablement frelatée. C’est pourquoi nous avions prévu de rééditer cet ouvrage en l’augmentant d’un troisième volet. Celui-ci étant le plus important à nos yeux, car destiné à décortiquer les réfutations des chantres de la vieille garde stalinienne et les récriminations des falsificateurs de tous crins qui ne tarderaient pas à se manifester. Soucieux de ne pas perturber ce nouveau champ d’expérience, nous nous sommes bien gardés de révéler notre projet aux lecteurs. Il est évident qu’en connaissance de cause, les intervenants se seraient montrés plus prudents dans leurs propos”. Et même quand je dialoguais avec vous en vous posant des questions directes à ce sujet pour que je vienne “me prendre  dans le filet”!  Comme si j’avais eu la naïveté d’accepter aveuglément les propos de Robert, sans les soumettre aux référents  de repères  divers et de 59 notes qui encadrent la conversation, (entre autres, en citant  une abondance exquise de vos textes et échanges).

 

Finalement, affirmer que “selon José Maria [sic] qui fait de Robert un Être lumineux, Royo était un individu vil, mauvais, lâche et incapable” est une calomnie absolue, et prouve que vous êtes incapable de lire tout ce que j’ai écrit ou cité dans les notes au propos de Royo. Mais je vous traduis l’essentiel en français qui est votre langue d’expression. “Royo apparaît comme victime propice d’un  amalgame de circonstances planifiées et/ou fortuites qui l’écartèrent physique et  tragiquement de la mémoire du maquis. Néanmoins, il existe des possibles zones grises que les témoignages n’arrivent pas à écarter complètement, entre autres: les anecdotes directes ou indirectes de Robert et Tostado envers Royo ou les circonstances tragiques de sa détention, libération ou mort violente en Espagne” [Royo  aparece como  víctima propiciatoria  de una amalgama de circunstancias planeadas y/o fortuitas  que lo apartarían física y trágicamente de la memoria guerrillera. Sin embargo, existen algunas posibles zonas grises que   los testimonios   no logran despejar completamente, entre otras: las anécdotas de primera o segunda mano negativas de Robert  y Tostado hacia Royo o las circunstancias trágicas de su detención, liberación y muerte violenta en España]. Il est clair que quand je parle de “victime propice de circonstances planifiées”, je vise, entre autres, Robert, et il est clair que je le fais en vous citant: “Robert était furieux de constater que Bigeard avait ressuscité Royo. Certains survivants de la Résistance ont acquis énormément de prestige du fait de la mise en œuvre généralisée du concept de mémoire. Un tissu relationnel extrêmement dense et complexe s’est établi autour de ces icônes dont la parole est d’or, autant sinon plus que celle des grands penseurs de notre siècle. Les médias, les historiens, les partis politiques qui les encensent et les instrumentalisent, les généraux qui les décorent, leurs relations et amis qui les admirent tant: aucun ne veut se dédire, et c’est tout à fait humain! Ce phénomène constitue le principal obstacle au rétablissement de la vérité de fait […] Le commandant X a été un valeureux combattant pendant la Résistance et la Libération, ses propres exploits devraient lui suffire, Pourquoi veut-il obstinément se substituer à Royo? […] Rien n’a été plus complexe et difficile que la Résistance” (2011: 20, 36).   Les quelques zones grises possibles impliquent qu’elles peuvent et doivent être éclairées, si vous ou d’autres ont les moyens.

 

Ce qui veut dire dans la prose de M. Jourdain, non pas dans la poésie de votre interprétation de maquisard paraquichottique qui ne voyait que des géants là où il n’y a que des moulins à vent bien réels, et dans  ce cas à l’affût du chercheur Montesinos-Naharro  qui se pose des questions, maintes fois sans réponses finales: que Royo  a été bel et bien une victime et que ce chercheur  (moi-même) n’écarte, surtout pas, qu’il a pu l’être, à cause, entre autres,  des témoignages de Robert et alii, mais que je ne peux voir totalement au clair dans  ces zones grises, comme dans la grotte de Montesinos,   où Robert peut se révéler comme accusateur vraisemblable (au sens de la poétique d’Aristote — je vous recommande fortement de la lire ou la relire –)  et/ou comme fabriquant intéressé,  de pleins traits ou malgré lui, etc.  Et aux lecteurs de juger et aux futurs chercheurs  avec des preuves pour  nous sortir de la grotte (Platon à l’appui), s’ils y arrivent. On n’attend que ceci.

 

Il est évident que je ne peux pas me comparer à vous, surtout dans votre incapacité de lecture pour comprendre un langage dialogique qui cite vos propos et se pose des questions à soi-même et  aux lecteurs. En plus, mon travail est soumis aux regards évaluateurs d’une communauté scientifique. Le vôtre, aussi respectable qu’il ne  soit, ne passe pas les mêmes contrôles  du mien. Surtout, je viens et je vis dans un monde  démocratique de la diffusion de l’information et non pas de sa restriction.  Et je cherche toujours à comprendre en multipliant les points de vue, bien qu’ils puissent embêter des intérêts établis.  Je vous recommande fortement de vous enduire pour la suite, d’un esprit ironique, tolérant et pluriel à la Cervantes — auteur lumineux pour ses multiplicités interprétatives et surtout de tenir compte du caractère différe[a]nt du langage, plein de pièges, surtout celui des témoins, mais aussi des préceptes déontologiques de citations d’autrui qui doivent présider toute recherche.

 

Finalement, par votre correspondance calomnieuse, vous ne faites que donner raison à René Girard, récemment disparu et pleuré par moi, et sa théorie du bouc émissaire. Ce bouc, je le suis devenu bel et  bien moi- même, qui ai osé présenter à la vue de tous, tout ce que vous-même avez caché  au grand jour sur le  témoin, qui aurait pu se défendre ou bien être confondu par vos propos. (“Au cours des années suivantes nous l’avons revu [Robert] à trois reprises. Son discours à l’égard de Royo s’est toujours révélé haineux et fantaisiste. En l’espace d’un demi siècle, les ragots qu’il colportait inlassablement avec ses comparses ont fait souche dans la mémoire collective de l’Ariège”). En fait, la publication de l’entrevue ne pouvait que nuire qu’à ma personne, entre les suspicions du témoin contrasté (Robert) par mes notes et votre irrationalité épidermique de détenteur de la vérité absolue. Je l’anticipais et j’en suis conforté. Vous comprenez bien que j’ai toujours travaillé radicalement sans me préoccuper des possibles retombées. D’ailleurs, je viens d’être victime d’une grossière manipulation au sujet de mes propos sur les camps de concentration en France où Robert et Royo ont été internés. J’en suis accoutumé et en quelque sorte, votre échange ne fait que prouver la justesse et l’éthique de mon travail.

http://www.archivodelafrontera.com/bibliografia/ante-el-horror-los-campos-de-concentracion-jose-maria-naharro-calderon-a-proposito-de-un-libro-de-bernard-sicot/

http://www.fronterad.com/?q=ante-horror%E2%80%A6-campos-concentracion-espanoles-en-norte-africa

 

J’attends donc avec intérêt scientifique la complémentarité basée sur une analyse solide et exhaustive de documents comme preuves que vous dites allez révéler dans votre prochaine publication. Comme vous comprenez, le témoignage d’Herminia Menéndez, que j’ai rencontrée plusieurs fois, n’est, en aucune sorte, une preuve absolue dans tout ceci. (“En 2011 nous avons enfin publié « Royo le guérillero éliminé », qui restitue la mémoire de cette victime du sectarisme et traite rationnellement de la Libération de l’Ariège sur plusieurs plans. Herminia Muñoz, qui fut l’agent de liaison de l’état major de la 3ème brigade de guérilleros, nous a dit : « Je pressentais tout cela, je vous remercie de l’avoir formulé avec autant de précision”). D’un côté, les femmes jouaient à l’époque, malheureusement, un rôle secondaire. D’après ce que je sais, Herminia relayait  à l’intérieur du guidon de son vélo des communications entre les diverses brigades des guérilleros, mais elle ne partageait pas le jour le jour du maquis. D’ailleurs elle ne fait que présenter une nouvelle opinion subjective:   “je pressentais tout celà [sic]”. [Pressentir: “Prévoir vaguement quelque chose, par intuition” {Larousse}].    Aurons-nous un jour des précisions définitives? Je redoute de l’ère du témoin  et de ses vérités absolues.  J’en doute que nous venions à bout de tout ceci mais je suis ouvert et intéressé par toute mise au point. Je n’ai pas, surtout, le dernier mot  … Le domaine des chercheurs désabusés vous le laisse.

 

Quant à la famille de Royo ou vous et moi-même, malheureusement on ne peut plus rien exiger du témoin, même si vous arrivez à  prouver que  Robert a tout fabriqué. Mais vous auriez dû saisir l’occasion en vie. Oui, je sais que vous étiez gênés de jouer les troubles fêtes dans le banquet de l’héroïsme! Mais le róle d’un chercheur est de diffuser et contraster les faits, non de les étouffer, surtout à cette époque d’abus de mémoire. Moi-même, je l’aurais applaudi. Je recèle de l’imposture, d’où qu’elle vienne. Quant à moi, j’ai agi avec ma responsabilité scientifique. Après nos échanges, j’ai même tenu une  longue conversation téléphonique au mois de mars 2015 avec Robert qui  a ratifié  avant la publication son témoignage sur Royo et d’autres propos. Aussi déplaisant qu’il ne soit, je ne pouvais donc pas le gommer comme si rien n’était, même si je lui ai présenté mes (vos) doutes. Il est clair que mes notes ont cherché à mettre les événements à jour jusqu’à la limite de la vérificabilité, en laissant, évidemment, votre droit ou celui de quiconque à poursuivre un chemin de clarification. Évidemment, j’ai fait tous les efforts et pris toutes les précautions pour  soumettre les opinions de Robert à cette multiplicité de points de vue, dont majoritairement les vôtres.  Votre réaction obsédée et aveugle ne tient pas compte de ces précautions prises pour agir avec la plus grande  équidistance possible, vu la sensibilité de l’affaire.  Si les rôles dans cette histoire avaient été inversés, (Royo survivant, Robert écarté) j’aurais agi de la même façon. D’ailleurs, je sais que Robert nous a quittés  dans l’amertume la plus complète … Je ne vous donnerai pas  d’autres détails qui doivent rester dans l’intimité, pour éviter tout ce  radotage que je recèle autant que vous.

 

Laissez-moi quand même vous exprimer avec toute sincérité professionnelle (celle que vous n’avez pas eu avec moi, soit disant en cachant d’autres évidences) que je trouve paradoxal, contradictoire, et évidemment humain,  qu’un type du cran de résistant de Robert, et il a donné des raisons suffisantes et contrastées par son comportement et prises de position, puisse être parti aussi loin sur le sentier “du radotage”,  etc. Mais ceci confirmerait, en effet, les difficultés à établir un récit historique sur l’époque croisée par les différents des témoignages républicains espagnols longuement idéologisés (attention, donc, à votre méthode – je vous recommande de lire attentivement, par exemple, les articles de Dreyfus-Armand et Marcelan!). Bien que Robert a beaucoup vécu dans son passé il ne faisait que voyager dans les contradictions de notre présent. C’est grâce à des Robert et des Royo que nous bénéficions partiellement d’une certaine santé démocratique, aujourd’hui fortement contestée.  Mais on n’est pas totalement coupable tant que ne le prouve pas.  Evidemment, l’être humain, nous sommes multiformes, est peut-être plutôt penché sur le biais de la mesquinerie et la vanité. L’imagination et la mémoire se touchent. Si votre version est près des faits, à force d’imaginer (inventer) une fiction, José Antonio (AlonsoQuijano) aurait pu devenir Ro-bert-yo (Don Quichotte). Je vous laisse le calembour.  Tout est possible, tout est permis (Georges Moustaki).

 

Je peux ajouter aussi que je trouve malencontreux le tempo de votre communication arrivée après le décès de José Antonio Alonso, Robert. En plus, elle m’a obligé à m’écarter d’autres recherches urgentes, (“avec, oui, quel ennui !”). J’espère que votre troisième volet “le plus important à nos yeux”, nous en tirera de ce baîllement. Votre lecture démontre une fois de plus l’incapacité de certains pour regarder au-delà de la surface. Comme je vous ai dit au début de cette communication, je suis ouvert au dialogue avec quiconque, mais pas avec ceux qui prouvent qu’ils manipulent les propos d’autrui à leurs dépens, commettent des erreurs de méthode flagrantes ou versent des calomnies et des insultes. Je présenterai à mes étudiants vos propos comme un contrexemple de ce qu’on ne doit jamais faire dans un exercice professionnel de critique. Par contre, noblesse oblige, de nouveau, je vous remercie pour l’aide que vous m’avez prêtée lors de la publication de cette entrevue.  Quant même, je vous souhaite aussi à vous et à vos compagnons de recherches les meilleurs des succès.

 

Mais auparavant, écartez-vous de la pratique du discours biaisé contre les messagers troubles fête. Évitez les réactions épidermiques, et surtout les insultes et les calomnies loin de la sérénité d’une  lecture reposée, et peut–être gommez une certaine  vanité irascible  de nouvel arrivé sur le champ du récit qui se veut historique, polluée de virulences et de partisans universitaires et espagnols, entre autres comme moi [attention à mon ironie!] (plus ça change et plus c’est la même chose). Et si vous le permettez, un dernier conseil de chercheur,  ridé  mais vétéran: ne vous laissez pas emporter par une première impression et surtout lisez et  relisez beaucoup et commentez les textes sous les yeux et l’esprit très ouvert.

 

Mais je vous signale, et à ce sujet je serai implacable, que je ne laisserai pas passer les calomnies que vous venez de verser contre moi par mail, dans une publication quelconque. En aucune sorte, je n’ai donné  garantie de parole absolue au propos de Robert, au sujet de Royo ou d’autres, ou étais-je le staff de Robert. Vous confondez droit de parole éditée et notée d’un témoin avec complicité de l’interviewer. Si vous étiez capable de lire sans mythomanie, vous auriez aussi remarqué que je présentais l’entrevue avec Robert dans l’introduction comme “una conversación con uno de los sobrevivientes ejemplares de la guerrilla republicana española en Francia, José Antonio Alonso, Robert ». Comme vous devriez le savoir, la rédaction utilise les caractères en italique pour montrer le caractère dialogigue –ironique d’un mot. Le lecteur, hormis un obssédé comme vous, peut facilement tirer à la fin de l‘introduction, l’entrevue et les notes des conclusions nettes sur la validité exemplaire du témoignage de Robert.

 

En conclusion, je vous réfère  à un des premiers films de François Truffaut avec Charles Aznavour comme protagoniste, ironiquement un Français d’origine arménienne: Surtout  [ne] Tirez


sur le pianiste. 

 

[Ma note 58] Dice Delpla: “’L’ensemble des troupes espagnoles est dirigé par le chef d’état-major, le commandant José Alonso Robert et le chef de la troisième brigade, le commandant Jimeno  Royo arrivé depuis peu’. À défaut de pouvoir gommer Royo on tente de le reléguer au second plan. L’historien renverse les rôles, celui qui a réellement dirigé l’ensemble des troupes espagnoles de par son titre, et concrètement sur le terrain pendant les combats de la libération de l’Ariège, c’est le chef de brigade Royo. Le commandant Marcel Bigeard et le major anglais Bill Probert en témoignent dans leurs rapports officiels. Dire que Royo était arrivé depuis peu dans la 3ème brigade, c’est tenter de faire croire qu’il était dans l’incapacité de la diriger. Or à la veille d’attaquer la garnison allemande de Foix, cela faisait quasiment deux mois que Royo avait intégré cette unité. C’est sous sa direction qu’elle fut renforcée, équipée, armée et fin prête pour affronter ses plus durs combats” (ALVAREZ, DELICADO 2011: 19-20). También se reproduce la loa de Bigeard y Probert aparecida en Liberación: “Entre los actos de heroísmo realizados es difícil citar casos especiales. No obstante, tenemos que hacer resaltar la actuación admirable del jefe de Brigada Royo, jefe verdadero desde todos los puntos de vista, que ha demostrado valor a toda prueba manteniéndose siempre con sus hombres en primera línea; y del comandante Madriles, que resultó herido de alguna gravedad, magnífico en ímpetu y valentía, quien llevó siempre a los hombres adelante” (2011: 24) [A Madriles y la liberación de Foix,  le dedicó un poema Celso Amieva (2011)]. Sin embargo, es interesante  anotar que Robert es  el único  que figura  en las fotos   tomadas durante los días posteriores a la liberación de Foix: como representante en el entierro de sus camaradas caídos en la liberación de Foix. La foto   fue  reproducida el 30 de agosto de 1944 por  Ariège Libre.   En otro lugar, se le ve armado y con pantalón corto de campaña delante del Hotel de la Barbacane en Foix o  anteriormente, con el comandante Mateo y los enlaces en el maquis de Merviel (SERRANO, 2005: s.p.] Las fotos de Royo [ver la que está junto a Robert  y al cte. Mateo; en otra  figura junto a Bigeard y Probert (ALVAREZ, DELICADO: 2011)]   pudieran ser calificadas  de documentos de héroes de salón: retratos   de  estudio en uniforme de gala. Evidentemente, no sólo Robert era el mando más veterano de la Brigada y gozaba del prestigio popular tras casi dos años en el Ariège, sino que probablemente era uno de los pocos  que dominaba correctamente el francés (Royo también estaba casado con una ciudadana francesa) como lo prueba la alocución que pronunció desde el balcón del ayuntamiento de Foix junto a las autoridades reproducida   en el mismo ejemplar de Ariège Libre. El argumento fundamental de Alvárez e Ivan y Roland  Delicado es que Bigeard menciona en sus memorias y en partes oficiales a Royo [supra], sin tomar en cuenta  que las memorias del general francés, un torturador durante la Guerra de Argelia (MERCHET), también se escribieron para  realzar los aspectos heroicos del autobiografiado que en una estrategia clásica de relato autobiográfico resalta lo propio y minimiza lo ajeno [el título Pour une parcelle de gloire no deja dudas] (1975).  Además como militar y voz ejemplar,  siempre respetaría en su relato la jerarquía castrense.  Pero en su papel   de instaurador del orden gaullista francés en un reducto de comunistas franceses y  españoles,  tampoco tendría  un interés excesivo en destacar las ramificaciones de poder de la estructura de los guerrilleros españoles y estratégica y militarmente prefirió utilizar a los españoles, veteranos de la Guerra Civil   probados en su lucha contra  nazis y colaboradores,   y matar dos pájaros de un tiro  al aislar a los comunistas de los FTP franceses y sus luchas intestinas. Obviamente, por jerarquía,  Royo era oficialmente  el jefe de la Tercera Brigada, enviado por la AGE. Pero sobre el terreno, por ejemplo, fue Robert quien poseía las claves estratégicas y  dio la orden de continuar el ataque sobre Foix el 19 de agosto de 1944 con el primer batallón, a pesar del retraso de los otros dos (SERRANO, 2005: 451). De acuerdo a otros testimonios, Robert habría también  acompañado  a la misión Aube de Bigeard y Probert a evaluar en Montseron el avance nazi sobre Castelnau-Durban en un auto  descapotable rojo, marca Delage, que había sido requisado al farmacéutico de Foix, Sr. Cabé [fotografía]. También parece evidente que en una estructura guerrillera tan diseminada como  la del maquis español del Ariège, y en una topografía tan quebrada como ésta, terreno que se prestaba idealmente  a las acciones guerrilleras, un recién llegado como Royo  procedente del perímetro urbano marsellés no podía   dominar en apenas dos meses un espacio  muy complejo, y además  semiopaco  debido a  la clandestinidad de los guerrilleros y por lo tanto tomar las mejores disposiciones militares. A pesar de las referencias de Bigeard y Probert a  la capacidad de mando de Royo, existen numerosos ejemplos en la historia de la época entre  las diferencias en las decisiones de estado mayor y  la jerarquía suprema de los ejércitos.  Por ejemplo, en la Guerra Civil española, se ha  comparado pertinentemente  la eficacia estratégica  de un jefe de estado mayor como el coronel/general Rojo a la incapacidad militar de un jefe supremo como Franco (BLANCO: 2003) o el impecable estado mayor alemán de la Wehrmacht frente a los planeamientos desquiciados  de Hitler o la capacidad gestora del jefe de estado mayor de EE. UU. George Marshall frente al inmaculado  prestigio de Dwight Eisenhower.  A su vez, la operación interaliada de liberación  llevaba varios  meses en marcha antes de la llegada de Royo.  Parece lógico que cualquier recién incorporado se sentiría apartado  por  la sombra  del prestigio entre todos los guerrilleros  logrado por Robert  en hechos de armas y de coordinación durante casi dos años cuyos ecos habían llegado  hasta la jerarquía interaliada y el PCE. Respecto de la denigración contra Royo, Álvarez e Ivan y Roland Delicado mencionan a “un ancien responsable guerillero,à qui nous laissons le soin de s’indentifier s’il le désire, ne le ménage pas (2011: 11). También citan el testimonio negativo hacia Royo de Tostado entresacado de un libro agotado de Olivier Nadouce, Combattants sans uniformes, realizado con testimonios de primera mano. En dicho relato, Tostado señala en la línea de Robert la insensibilidad de Royo: “Quant à Royo, j’avais compris la veille que je ne lui ferai jamais confiance; en effet, à notre arrivée en pleine nuit à la brigade avec notre blessé, il était resté couché; il n’avait pas daigné venir se rendre compte tout de suite de ce qui se passait; ce n’était pas l’attitude d’un responsable; j’en fis part à Robert. Dans les jours qui suivirent, nous nous heurtâmes assez souvent avec Royo” (2011: 32-33). El relato de Tostado  es consistente con la animadversión  de Robert, el cual admiraba a Mateo Como entrevistador, he mantenido una larga relación  con José Antonio Alonso, Robert, que se remonta al año 1994. Durante todo este tiempo, no he encontrado contradicciones significativas en sus relatos y he advertido una búsqueda de la pluralidad en su memoria que ha intentado  visibilizar a sus antiguos compañeros. Sin embargo, es la primera vez que Robert  me ha hablado en todos estos años del caso Royo. En un intercambio epistolar con Jean Vaz del 10 de julio de 2014, Ivan y Roland Delicado añaden: “D’autant que pour rétablir quelques vérités de fait nous faisons appel au témoignage de Bigeard. Or celui-ci attribue la libération de Foix et de son département principalement aux Espagnols. Ceci n’enchante guère les héritiers des divers mouvements de la Résistance franco-française. C’est à cause de cela que la parution de Pour une parcelle de gloire du général Bigeard avait été accueillie par une volée de bois vert. A l’époque Robert avait dénoncé ce livre à la direction du PCF de l’Ariège sous le prétexte de défendre la mémoire de Calvetti, ancien chef FTP du département. [Se refieren a un artículo de Patriote (septiembre de  1977) titulado  Le « cas » Bigeard de  E.Daraud (antiguo resistente  comunista). “ Le Président de l’Amicale des Anciens Guérilleros espagnols [Robert] qui m’a prêté le livre de BIGEARD, pensant que ce dernier visait le chef départemental des F.T.P.F., le colonel CALVETTI, m’a fait part de son indignation, lui qui a si bien connu le courage de « Louis » (SUTRA, 1986: 200)]En réalité, Robert était furieux de constater que Bigeard avait ressuscité Royo. Certains survivants de la Résistance ont acquis énormément de prestige du fait de la mise en œuvre généralisée du concept de mémoire. Un tissu relationnel extrêmement dense et complexe s’est établi autour de ces icônes dont la parole est d’or, autant sinon plus que celle des grands penseurs de notre siècle. Les médias, les historiens, les partis politiques qui les encensent et les instrumentalisent, les généraux qui les décorent, leurs relations et amis qui les admirent tant: aucun ne veut se dédire, et c’est tout à fait humain! Ce phénomène constitue le principal obstacle au rétablissement de la vérité de fait. C’est pourquoi lors de nos recherches nous avons toujours gardé nos distances avec les témoins et les survivants: comme l’amour, l’amitié rend aveugle. Robert n’a pas violemment dénigré Royo en votre présence parce que vous n’êtes pas du Parti. De surcroît vous représentez le monde libertaire dont les membres furent persécutés par les staliniens. Robert ne pouvait se dévoiler à vos yeux en tant que sectaire et chantre des éliminations opérées par le PCE en France et en Espagne”. De todo ello, se puede colegir que   Royo  aparece como  víctima propiciatoria  de una amalgama de circunstancias planeadas y/o fortuitas  que lo apartarían física y trágicamente de la memoria guerrillera. Sin embargo, existen algunas posibles zonas grises que   los testimonios   no logran despejar completamente, entre otras: las anécdotas de primera o segunda mano negativas de Robert  y Tostado hacia Royo o las circunstancias trágicas de su detención, liberación y muerte violenta en España. A su vez la manipulación ejercida contra Robert por   Henri  Farreny   (2011, 2012) a raíz de la publicación de (ALVAREZ, DELICADO, 2011) ha añadido otra capa de entredichos a la memoria guerrillera en el Ariège.  Alvárez e Iván y Roland Delicado  concluyen: “Le commandant X a été un valeureux combattant pendant la Résistance et la Libération, ses propres exploits devraient lui suffire, Pourquoi veut-il obstinément se substituer à Royo? […] Rien n’a été plus complexe et difficile que la Résistance” (2011: 20, 36).  En un posterior estudio que no he podido consultar, los autores me comunican que se hacen otras puntualizaciones sobre las maniobras del PCE en Valencia para depurar casos sospechosos (ALVAREZ, DELICADO, 2014) [Agradezco a Iván Delicado su ayuda en estos pormenores]. 

[1] Sur le pdf que je vous ai envoyé, il y a une errata à la page 171: JAA: Royo llega un mes y medio antes de la liberación de Foix.